sábado, janeiro 12, 2008

168. "ANA" na "Positif"

Ana
Portugais, de Antonio Reis et Margarida Cordeiro

Quelles sont les raisons qui font que ce film est classé parmi les «documentaires» dans les rubriques de Pariscope ? Quelque coquetterie de narrateur moderne, ou la vision rapide de paysages omniprésents ? Les deux explications sont aussi vraisemblables et insuffisantes, puisqu’elles sont complémentaires. Les « paysages » sont au centre du film, mais ils le sont par le biais de la narration qui les intègre comme éléments au même titre que les personnages. Ana est un grand-mère, et Ana est une petite-fille (de la précédent, et réciproquement) ; mais Ana est cet arbre tordu sur la terre sèche, unique et semblable tout autre sur la terre sèche, elle est ce lac où depuis toujours viennent les moutons, elle est ce tournant de chemin que prennent, depuis des siècles, les hommes. Ainsi, le film est-il un documentaire. Ana est de cette région du Portugal si indissolublement que cette terre ne peut subsister que de petite fille en petite fille.

Poème ample qui trouve en superbe accomplissement dans les dernières images, Ana souffre pourtant d’un parti-pris d’hermétisme, voire d’inintelligibilité, qui fait parfois trouver le temps long. Et si cette recherche du « temps long » est voulue et réussie d’une façon plus générale (mais dans une acception plus métaphysique), elle érode parfois, au cœur de certaines scènes, l’acuité du spectateur. C’est vrai surtout des personnages non repérés dont les actions ne sont de ce fait ni situées, ni appréhendées.

C’est dommage. Certaines séquences (la dernière demi-heure en particulier) nous font penser qu’une narration un tant soit peu classique aurait pu faire de Ana le plus beau des «documentaires».

V. A.

Revista Positif, n.º 271, pág. 74, Setembro de 1983.