sábado, novembro 27, 2004

059. "ANA" no "Le Matin"

ANA
d’Antonio Reis
et Margarida Cordeiro

Le cinéma portugais a souvent l’humeur très littéraire. D’un romanesque fluvial, avec le superbe Amour de perdition du vétéran Manoel de Oliveira, allégorique et biographique, avec l'Ile des amours de Paulo Rocha (d’une lecture encore plus ardue), le voici infiniment plus concis, plus proche de l’essai avec le travail d’artisans passionnés que nous offrent Antonio Reis et son épouse, Margarita Cordeiro.
Ana, oeuvre ascétique s’il en fut, met en scène un quotidien rural très hiératisé, dont les activités semblent avoir un caractère rituel dans une suite d’admirables paysages que les auteurs ont à cœur de filmer avec le plus de sécheresse possible. Le film revendique sa pauvreté matérielle avec orgueil et s’en fait un instrument d’investigation. On pourra lui reprocher d’être construit contre (la narration traditionnelle, le lyrisme de l’image) au lieu d’être construit pour (faire partager l’enthousiasme suscité par une histoire où des personnages, provoquer l’émotion). Pour être bref, on ne saurait mieux le situer qu’en précisant qu’il a l’admiration de Jean-Marie Straub. Avis aux fidèles.

M. P.

Républic Cinémas, V. O.

Jornal Le Matin de Paris, 13 de Junho de 1983.