sexta-feira, dezembro 03, 2004

063. "ANA" em "La Croix"

ANA

Ana, d’Antonio Reis et Margarida Cordeiro: une histoire de campagne, de nature, de mère, de grand-mère et de grand-mère mythique. Quotidienne jusqu’à l’obsession, mais aussi toujours ailleurs. Une histoire de somptuosité qui accompagne le cheminement de la lumière à travers quatre générations. Tout est cérémonial chez Ana. Un enfant sur un cheval à bascule, un âne que l’on abreuve, une nourrice que l’on intronise comme une madone, témoignent à la fois de l’humilité du quotidien et d’un mystère garant d’une évidente éternité. Ana est une histoire de cycle vital. Les personnages parlent peu. Ils bougent peu. Ils n’agissent que pour les exigences d’un rituel qui célèbre à chaque instant le caractère sacré de la vie. Antonio Reis et Margarida Cordeiro utilisent la couleur en artistes soucieux de transparences, de tensions, de chaleur. Ils chantent l’acte banal, la vie de l’ombre, l’angoisse de l’avenir sur des tons à peine différents, rehaussés parfois de textes de Rainer Maria Rilke. Ana ne se raconte pas plus qu’un tableau de Le Nain ou de Georges de La Tour. C’est une histoire de foi, d’intensité, de continuité où l’image et le son soulignent la gravite de chaque instant, les bruits de la nature, la proximité et la présence des objets dans la vie d’une famille simple à la campagne.

Jeanine BARON

La Croix, de 30 de Junho de 1983