046. "ANA" no jornal "Le Monde"
LE FESTIVAL DE VENISE [1982]
Poésie portugaise - par Louis Marcorelles
En mineur, à voix très feutrée, la révélation, ou plutôt la confirmation, de cette Mostra du cinquantenaire nous sera venue du Portugal avec des films aussi dépouillés qu'intensément vivants: Antonio Reis et sa femme Margarita Cordeiro nous fascinent a leur tour avec une sorte de documentaire enchanté, Ana, six ans après Tras-os-Montes, primé dans l'enthousiasme au Festival d'Hyères.
«Documentaire» n'est pas le terme qui convient, «vision» pèse trop son poids de traficotage, «poésie» sonne juste. Définissant leur travail, les deux cinéastes parlent «des émotions de l'enfance qui renaissent sous d'autres formes et d'autres visages, devenues autre chose..., d'un travail intense afin que les mutations apparaissent et survivent, intactes à travers notre oeuvre».
Dans un domaine coupé du monde, parmi les arbres, les prairies en pente douce, au milieu d'une nature comme assoiffée d'éternité - les auteurs citent Rainer Maria Rilke, - quelques personnes s'affairent autour d'une dame aux cheveux blancs à la démarche toujours égale. Après elle, se met-on à penser, le monde cessera d'exister. Que cache cette pérennité des choses et des êtres? Peut-être le bonheur existe-t-il né de l'enfance, de l'imagination, du souvenir, mais nourri du quotidien le plus immédiat, avec ses rythmes secrets, ses rituels inamovibles.
[O artigo continua, analisando outros filmes presentes no Festival de Veneza]
Jornal Le Monde, pág 14, 8 de Setembro de 1982.
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